Petit guide des déductions fiscales du télétravail

Sur la table de la cuisine, dans le sous-sol, au chalet. Peu importe où, vous avez télétravaillé en 2020 ? Vous aurez droit à des déductions fiscales lorsque vous remplirez votre déclaration de revenus. Voyez comment.

De nouvelles règles fiscales ont été adoptées par Ottawa et par Québec afin de faciliter le calcul en 2020 des dépenses reliées au travail à domicile pour les millions de personnes qui se sont retrouvées en télétravail en raison de la crise sanitaire.

Ces mesures annoncées en décembre par l’Agence du revenu du Canada (ARC) ont été rapidement suivies par Revenu Québec (RQ). « C’est relativement simple pour un particulier d’aller chercher l’information dont il a besoin », souligne Patrick Bonneau, associé en fiscalité chez Deloitte. Les mesures ont été harmonisées et sont semblables, à quelques détails près.

Les employés auront ainsi le choix entre deux méthodes pour calculer leurs dépenses en télétravail et demander une déduction : une méthode simplifiée, appelée « méthode à taux fixe temporaire », et une méthode détaillée permettant de calculer les dépenses réelles.

Deux méthodes proposées

La méthode à taux fixe permet de déduire 2 $ pour chaque journée de télétravail, jusqu’à un maximum de 400 $, autant au provincial qu’au fédéral. Ce qui équivaut à 200 jours de travail, soit 40 semaines de travail à raison de cinq jours par semaine, par exemple.

Cette méthode temporaire ne requiert aucune preuve de dépenses ni formulaire rempli par l’employeur. Pour demander cette déduction, il faut toutefois avoir télétravaillé plus de 50 % du temps pendant une période d’au moins quatre semaines consécutives.

La méthode détaillée permet de déduire les montants réels payés. Le calcul des dépenses reliées au télétravail doit alors être justifié par des factures et documents. Des formulaires doivent également être remplis par l’employeur. Cette méthode détaillée, qui existait avant la pandémie de COVID-19, a néanmoins été simplifiée pour l’année d’imposition 2020.

Différentes dépenses sont admissibles : fournitures de bureau, une partie du forfait Internet, du forfait cellulaire, des frais de chauffage, d’électricité ou encore des réparations mineures. Pour les locataires, une partie du loyer est également admissible, précise Patrick Bonneau.

Les dépenses admissibles doivent être calculées en fonction de la superficie de l’espace bureau utilisé par rapport à celle du domicile.

Si l’espace bureau se retrouve dans une aire ouverte, un espace circonscrit doit être considéré. Si vous travaillez sur une table de cuisine, par exemple, la superficie de la table devra être la superficie retenue, précise le fiscaliste associé aux bureaux montréalais du cabinet de services professionnels. Le temps d’utilisation pour le travail doit également être pris en compte.

Laquelle choisir ?

Vaut-il alors la peine de se lancer dans un calcul détaillé des dépenses ? « Selon mon expérience, je vous dirais que pas nécessairement, répond Patrick Bonneau. Ça va être un avantage si un individu, par exemple, loue son domicile ou loue l’endroit où il demeure. »

Les dépenses admissibles pourraient à ce moment excéder les 400 $ par année, estime-t-il. Sinon, dans bien des cas, la méthode simplifiée serait suffisante pour couvrir les dépenses liées au télétravail. « On pense que la grande majorité des particuliers ou des employés vont utiliser la méthode à taux fixe temporaire », avance-t-il.

Des mesures jugées intéressantes et utiles

Suzie St-Cerny, professionnelle de recherche à la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, estime que les mesures mises en place par les deux paliers de gouvernement sont intéressantes et utiles.

« Est-ce que c’est assez généreux ? Il y a toujours des gens qui vont dire que ça devrait l’être plus. Il y a déjà un geste qui a été posé pour faciliter le travail, pour diminuer les critères pour que les gens y aient droit », souligne-t-elle.

La méthode simplifiée pourrait même s’avérer avantageuse au final pour des employés qui n’ont pas eu à assumer d’importantes dépenses supplémentaires en télétravail. « Si je pense au fait que je travaille à la maison, probablement que ça me coûte moins cher que d’aller travailler au bureau », soulève la chercheuse.

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POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES MESURES

Des outils et foires aux questions ont été mis en ligne pour aider les contribuables à choisir entre les deux méthodes de calcul des dépenses liées au télétravail.

Tous les détails entourant les dépenses admissibles et formulaires à remplir y sont également disponibles.

Agence du revenu du Canada

Informations générales: http://bit.ly/39pelkB

Calcul des dépenses: http://bit.ly/36iCrvq

Revenu Québec et ministère des Finances

Foire aux questions: http://bit.ly/3pDe6YZ

Calculateur: http://bit.ly/3qXvvLZ

La Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke propose également depuis quelques années un guide sur les mesures fiscales pour aider les particuliers à s’y retrouver.

L’édition 2020, qui abordera les mesures liées au télétravail, doit être mise en ligne d’ici la fin du mois de février. Des fiches individuelles classées par thèmes sont aussi proposées.

Guide des mesures fiscales: http://bit.ly/3orC9s6

Source MYRIAM GAUTHIER

Le Quotidien