Sans réseaux sociaux, suis-je foutu.e sur le marché du travail?

Bon, on le sait, les réseaux sociaux prennent une place de plus en plus importante dans nos vies. En janvier 2021, près de 85% des Canadien.ne.s y possédaient des profils selon un rapport de la plateforme DataReportal. Ces réseaux se sont évidemment intégrés au monde professionnel. Faire partie de la minorité qui ne possède pas de profil en ligne ou ne maîtrise pas du tout ces médiums est-il antiprofessionnel?

La réponse est assez évidente: ça dépend du domaine dans lequel on évolue.

Quelqu’un qui a un boulot dans une manufacture peut s’en passer. Par contre, dans le monde des communications et du marketing par exemple, c’est devenu indispensable, estime Marjorie Desriac, experte en ressources humaines.

«Des collègues ou des employeurs peuvent trouver étrange que quelqu’un soit absent des réseaux et ça peut jouer en sa défaveur, croit-elle. De plus, c’est compliqué d’être à jour sans les réseaux sociaux. On manque plusieurs opportunités professionnelles.»

Le recrutement

Si les chasseur.euse.s de têtes sont de plus en plus actifs sur Facebook, Instagram ou même TikTok, le réseau social principal du monde professionnel demeure LinkedIn.

«La chasse de tête se fait principalement en ligne, sur LinkedIn, indique Vincent Mazrou, président fondateur de l’agence de consultation en ressources humaines Attribu. Il est de moins en moins populaire d’afficher un poste et d’attendre que les CV rentrent. Avec la pénurie de main-d’œuvre, il faut diversifier les stratégies de recrutement.»

Ainsi, quelqu’un qui voudrait faciliter ses futures recherches d’emploi aura intérêt à être vu sur le Web par les gens de son domaine.

L’expert en ressources humaines apporte toutefois une nuance: il n’est pas nécessaire d’être visible partout sur tous les réseaux. Il existe des plateformes ciblées qui se spécialisent dans l’affichage d’emplois dans des domaines nichés.

Par exemple, sur le site de l’Ordre des ingénieurs du Québec, on propose des emplois en ingénierie. Dans le domaine du droit, le site JuriCarrière répertorie les perspectives de carrière pour les membres en règle du Barreau du Québec.

Au Québec, ça tend à changer, mais peu d’entreprises ont une présence active ailleurs que sur Facebook et LinkedIn.

Les agences travaillant dans les domaines créatifs ou d’innovation, elles, vont davantage chercher du personnel sur Instagram.

Les dangers de la visibilité sur les réseaux sociaux

Une fois employé, doit-on maintenir sa visibilité sur les réseaux?

«Certains entrepreneurs encouragent leurs employés à partager du contenu de la compagnie sur leurs réseaux sociaux pour accentuer leur visibilité. Il y a aussi l’inverse. Des patrons redoutent que leurs employés se fassent repérer sur les réseaux par peur qu’ils soient happés par la compétition», explique Vincent Mazrou.

Être actif.ve sur les réseaux sociaux, ce n’est pas tout. Il faut aussi apprendre à les maîtriser, souligne Marjorie Desriac. «Les gens qui comprennent mal les réseaux sociaux auront plus tendance à se prononcer de manière personnelle et tranchée sur ceux-ci, ce qui peut jouer contre eux, car leurs propos peuvent être lus par des collègues et les mettre dans l’embarras.»

Peut-on soudainement demander à un employé de 55 ans de réaliser une vidéo TikTok?

«Il faut que l’entreprise soit claire dans son affichage et sa description de poste si elle exige une maîtrise des réseaux sociaux», indique M. Mazrou.

Autrement, Mme Desriac croit qu’il n’y a aucune honte à demander à des proches de nous aider à mieux comprendre ces plateformes.

Seulement 14,4% de l’utilisation des réseaux sociaux au Canada vise la recherche d’un emploi ou l’extension de son réseau professionnel, selon les données de la plateforme DataReportal. C’est dire que les réseaux sociaux servent à bien d’autres fins avant d’être un outil professionnel. Il faut cependant s’assurer de savoir minimalement comment bien les utiliser pour atteindre nos objectifs et ne pas se mettre dans de beaux draps.

Source : Jules Couturier  / Journal métro